Retour et rapport d’activité
Auteur : Pierre-Yves Hurel
Depuis leurs créations respectives en 2016, le GameLab de Lausanne et le Liège Game Lab sont devenus des références internationales dans le domaine de l’étude du jeu vidéo. Leurs dynamiques collectives en interne leur ont permis de cumuler d’importantes contributions scientifiques (ouvrages collectifs, thèses de doctorat, numéros de revue), d’organiser des colloques internationaux ayant particulièrement structuré leur champ, et de développer tous deux des offres d’enseignement dédié à l’étude du jeu vidéo (certificat universitaire, école d’été, programme de spécialisation, nouveaux cours).
Depuis 2016, nombre de leurs membres d’origine sont devenu·e·s docteur·e·s, postdocs, ou professeur·e·s. Ces derniers dirigent à leur tour un nombre grandissant de thèses de doctorat, et les deux collectifs continuent de croître (passant, à Liège comme à Lausanne, de noyaux composés de 4-6 personnes à 15 à 20 membres par laboratoire). Ces deux entités partagent aujourd’hui un objectif en commun, celui de s’allier de manière durable dans la perspective de déposer ensemble des projets de financement de plus grande ampleur (Weave, Erasmus+, COST Action, mobilité étudiante, Horizon Europe, etc.).
C’est dans ce but que les deux collectifs ont organisé à Lausanne, les 10 et 11 avril 2025, un workshop inter-laboratoires regroupant 29 participant·e·s, dont 13 venaient de Liège. L’événement a pu compter sur le soutien financier du service des Relations Internationales de l’Université de Lausanne, de l’Institut des Sciences Sociales de l’UNIL et de l’Unité de Recherche « Traverses » et de la Faculté de Philosophie et Lettres de l’Université de Liège. L’évènement a été initié et animé par Pierre-Yves Hurel, membre fondateur du Liège Game Lab, collaborateur au GameLab Lausanne et chercheur FNS senior à l’Université de Lausanne. Il a pu compter sur le soutien organisationnel de Guillaume Guenat, Anna-Maria Trefois, Fanny Rebillard, Kevin Rebecchi, Bruno Dupont, David Javet, François-Xavier Surinx, Björn-Olav Dozo et Yannick Rochat. Nous remercions aussi chaleureusement Stéphanie Pichot, secrétaire de la Faculté des lettres de l’UNIL, pour le soutien administratif.
L’ « interlab » a pris la forme de deux journées d’ateliers en sous-groupes et de mises en commun. Les deux journées ont été découpées selon 4 sous-objectifs : 1) Approfondir l’intégration des deux laboratoires en mettant leurs membres en réseau 2) impulser des collaborations scientifiques au niveau individuel 3) établir une coopération stratégique au niveau des laboratoires 4) opérationnaliser, approfondir et planifier notre avenir en commun.
Ce travail itératif nous a permis d’obtenir :
- Une meilleure connaissance des champs de compétences et réalisations des chercheur·euse·s sur les plans individuel et collectif.
- La production de 5 abstracts de projets scientifiques et de 6 projets de jeu de rôle.
- L’explicitation d’une éthique commune du rapport à l’académie, reposant sur les modes de fonctionnement intrinsèques aux deux laboratoires, dont l’horizontalité, l’entraide, l’émergence, la créativité et la souplesse administrative.
- L’écriture d’un accord formel de coopération encadrant nos futures collaborations et visant à les pérenniser.
Liste des participant·e·s en provenance du Liège Game Lab (13) :
Fanny Barnabé, Björn-Olav Dozo, Bruno Dupont, Lucas Friche, Olivier Gason, Boris Krywicki, Rosane Lebreton, Alexis Messina, Kevin Rebecchi, Fanny Rebillard, François-Xavier Surinx, Anna-Maria Trefois, Maxime Verbesselt.
Liste des participant·e·s en provenance du GameLab Lausanne (14) :
Loïse Bilat, Roxane Borgeaud, Loïc Cattani, Johan Cuda, Solène Feller, Guillaume Guenat, David Javet, Aurore Lüscher, Coline Métrailler, Isaac Pante, Loeva La Ragione, Loris Rimaz, Yannick Rochat, Michaël Wagnières.
Membres des deux laboratoires (2) :
Sophie Bémelmans et Pierre-Yves Hurel.
Activités réalisées:
Jour 1, matinée : Réseauter
La matinée a débuté par un rappel de l’histoire commune des deux laboratoires et des projets déjà réalisés ou en cours impliquant les deux entités. Des sous-groupes ont ensuite été formés, chacun recevant comme consigne de réaliser une balade socratique au bord du lac Léman dans le but d’identifier 1) des convergences et divergences au niveau de leurs intérêts scientifiques individuels et 2) une convergence et une divergence concernant une facette de la vie de chaque laboratoire. Les huit groupes ainsi formés ont ensuite présenté leurs résultats en plénière, ce qui nous a permis de cartographier les domaines d’expertise de chaque GameLab, mais aussi d’échanger sur nos modes de fonctionnement concernant :
- L’organisation de la vie interne des laboratoires ;
- La place des labs au sein de leur contexte institutionnel respectif ;
- L’intégration de nouveaux membres ;
- l’organisation d’activités pédagogiques ;
- Le financement de nos activités ;
- L’inscription dans des réseaux internationaux ;
- La gestion de collections internes aux laboratoires ;
- Les prises de position face aux menaces pesant sur la liberté académique.
Jour 1, après-midi : Impulser
L’après-midi a pris la forme d’une « scientific paper jam » : sur base de la liste des intérêts scientifiques convergents et divergents, des groupes thématiques se sont formés, avec l’objectif de produire chacun un abstract en vue d’une future participation à un colloque. Chaque abstract était ensuite présenté en plénière. Plusieurs pistes prometteuses ont alors vu le jour, concernant :
- Le contrôle parental du jeu étudié sous l’angle de la formation d’une mémoire culturelle et médiatique ;
- Une analyse comparative de l’usage de l’humour et de la toxicité au sein de communautés de créateur·rices en amateur dédiées à deux game engines promouvant pour l’un le récit identitaire, pour l’autre le jeu compétitif ;
- L’exploration des espaces d’invitation au bricolage des systèmes de jeu au sein des jeux de société, jeux de rôle et jeux vidéo ;
- Une analyse comparative de différentes communautés de joueur·euse·s sous l’angle des mécaniques rhétoriques régissant la légitimité du jeu vidéo ;
- L’organisation d’un workshop invitant à étudier une même vignette ethnographique sous une multitude d’angles disciplinaires différents, à la façon des « Exercices de style » de Raymond Quenaud.
Jour 2, matinée : Collaborations stratégiques
Après s’être concentré la veille sur des collaborations entre individus, l’accent a ici été mis sur la production d’une réflexion au niveau inter-laboratoires. Cinq sous-groupes ont à nouveau été formés pour traiter d’autant de problématiques :
- Le groupe “S’allier” a proposé au collectif l’établissement prochain d’une convention entre le Liège Game Lab et le GameLab UNIL-EPFL, qui permettra de faciliter et pérenniser nos échanges.
- Le groupe “Pérenniser” a proposé plusieurs modalités d’échanges à renforcer dont les invitations mutuelles dans les cours, l’organisation commune d’événement de médiation et de « travaux pratiques » en ligne en vue d’un transfert de compétences.
- Le groupe « Financer » a quant à lui structuré un tableau mettant en évidence les outils possibles à activer en vue de futurs travaux communs.
- Le groupe « Résister » a notamment proposé à l’assemblée de mettre à profit nos deux implantations géographiques afin de réaliser un système d’archivage numérique résilient et décentralisé.
Enfin, le groupe « Faire médiation » a permis d’initier un échange de pratiques et d’expériences à poursuivre et à formaliser.
Jour 2, après-midi : Approfondir et planifier nos collaborations
Lors de cette dernière demi-journée, quatre axes ont été approfondis en vue de futures collaborations :
- La visite des réserves et des démonstrations de matériels informatiques historiques ont permis de poursuivre nos discussions sur les échanges à réaliser. Le groupe s’est ensuite divisé en trois.
- Un atelier créatif et réflexif de création de jeux de rôle sur le thème de la résistance aux attaques de la liberté académique a permis l’ébauche de cinq projets de jeux. Cette expérience partagée sera décisive en vue de l’organisation commune d’une Game Jam à l’avenir.
- Un sous-groupe a poursuivi les réflexions concernant les leviers de financement à activer dans les prochaines années.
- Un dernier groupe a établi les bases d’une convention de collaboration entre les deux laboratoires ainsi que du présent rapport.
Conclusion
Ces deux journées d’échanges furent particulièrement intenses et fructueuses, tant sur le plan des collaborations individuelles qu’elles ont permis d’initier, que des bases établies pour structurer nos échanges entre collectifs de recherche. Une volonté de travailler ensemble très nette s’est dégagée de ces deux journées, et cela se traduira à l’avenir sous de nombreuses formes. Les prochaines étapes significatives seront : la formalisation d’un accord de collaboration, la mobilité accrue d’étudiant·e·s et de personnels, des productions scientifiques par des membres issus des deux entités et le dépôt, à moyen terme, de projets en commun de plus grande ampleur.


